Published 5 juillet 2023 Commentaires 0 Commentaire Par Eric Mabille Tags Bastiaan Van AarleBruxellesGalerie du BotaniqueLe BotaniquephotographiePhotographie contemporaine Bastiaan Van Aarle, déplacer les montagnes Avec ‘Moving Mountains’, le photographe Bastiaan Van Aarle s’empare des montagnes, incarnations immuables et immobiles du paysage pour y déceler les traces imperceptibles du temps qui les parcourt. Une exposition solo à voir à la Galerie du Botanique jusqu’au 09 juillet 2023. Quand tout est pétrifié du silence assourdissant d’un temps qui nous dépasse, et que rien ne semble bouger, comment rendre tangible le mouvement de la terre aux humains de passage ? C’est le défi que s’est imposé le jeune photographe belge Bastiaan Van Aarle : montrer le déroulement du temps pris dans les limites d’un même cadrage, dessiné par des variations de lumières, unifiées en une seule image. Bastiaan Van Aarle choisit les montagnes, titans de roches aux tons gris, recouverts du blanc des glaciers et des verts nature. Chaînes monolithiques érigées, façonnées, fracturées sur des millions d’années, indifférentes apparemment aux cycles de nos vies humaines rythmées par des unités de temps qui n’appartiennent qu’à nous. Les montagnes dominent bien loin de nos millénaires, nos siècles, nos années, nos saisons, nos mois, nos jours et nos heures. Et pourtant. Bastiaan Van Aarle, du temps Dépasser le temps géologique, se rapprocher d’un temps, à hauteur d’homme, répartis en cycles qui nous unit à la nature, nous rassure et rend nos vies acceptables, compréhensibles, tolérables, tangibles. Un temps impalpable, immatériel, qui prend essence, dans une course de 24h – aux mouvements de lumière fluctuant du soleil à la lune -, sur les sujets qu’il effleure. Avec la tombée de nuit, la promesse du jour nouveau qui se lève. La lumière devient étalon de mesure périodique du temps. Elle apparaît, s’éclaircit, culmine zénithale, se dilue, s’évanouit, ‘s’enténèbre et disparaît’, comme dit Macbeth. Sur le cadran des heures, ‘le jour décroît, la nuit augmente, comme le martèle le balancier de ‘L’horloge’ de Baudelaire. Bastiaan Van Aarle, Projet 01 :20 & Moving Mountains Pour son projet précédent, 01 :20, le photographe avait posé son trépied dans un village islandais. Chaque jour d’un mois de juillet, à 01 :20 précise, une nouvelle prise de vue du ciel était opérée Une histoire écrite en 31 images. Le premier jour, le soleil ne se montra pas, touchant timidement l’horizon avant de progressivement apparaître les jours suivants. Au cours d’une course d’un mois, il s’évanouit chaque jour un peu plus avant de replonger le village dans le noir. La question demeure ; que devient la lumière à l’épreuve du temps ? Le côté ponctuel, protocolaire de 01 :20, s’évanouit et devient relatif avec Moving Mountains dont le sujet principal est le mouvement d’une planète faussement figée ; un mouvement que nous n’expérimentons pas nous-mêmes. Notre terre devenue référence d’immobilité, nous n’en percevons le mouvement que par la trajectoire du soleil et les variations de lumière et d’ensoleillement. Un paysage qui change sur place, sur des mouvements infimes de temps et de clair-obscur. ‘En optant pour un support et un sujet incarnant l’immobilité, Bastiaan van Aarle bouleverse notre perception du temps et du mouvement de manière tout à fait inattendue.’ Le photographe s’aventure à la surface de ces vénérables reliefs, au-delà des couleurs que nous percevons, s’emparant d’un système additif bien connu des graphistes et des imprimeurs : ce CMJN, réduction du spectre lumineux en trois composantes ; trois couleurs primaires (cyan-magenta-jaune). Associées par deux, elles composent les couleurs secondaires solides ou explosent en milliers de nuances tonales. Réunies à trois, elles s’effacent dans un noir profond. Bastiaan Van Aarle, la question du décor Bastiaan Van Aarle se promène au-delà des villages, des maisons et des forêts, là où le paysage se fracasse aux chaînes de montagnes. Il se trace à travers de vastes étendues, un chemin de randonnée qui se fait de plus en plus erratique, fait de pierres, de mousses, et de quelques oiseaux épinglés ci et là . Mettre un pas devant l’autre sur une montagne hasardeuse, plus instable qu’elle n’en a l’air. Une ascension, sac sur le dos, un trépied et un appareil photo comme compagnons de route. Le soleil sur un ciel éclatant, aveuglant. Aucune ombre où s’abriter. Face au décor choisi, sortir son trépied, faire son cadrage et attendre des heures. Soudain apparaît l’image, la décision expresse de la prendre ou pas. Et la promesse d’une image parfaite, en argentique, sans aucune idée du résultat. Instant de grâce, l’appareil photo fait son travail. Le temps fusionne avec le lieu. Les nuages passent et avec eux la déclinaison des lumières et des couleurs sur la roche et les quelques massifs verts au revers d’un flanc de colline. Instantanés arrêtés de montagnes, géants solides ancrés dans la profondeur du temps dont ils sont devenus l’incarnation grandiose et monumentale. Témoins d’une terre bien loin de se reposer tranquille, calme et silencieuse. Sur ces mouvances imperceptibles, les couleurs s’accrochent, se reflètent, se font absorbées ou s’échappent. Pour chaque image de la série Moving Mountains, Van Aarle a réalisé quatre photographies noir et blanc, chacune prise avec le même cadrage mais dispersées sur un laps de temps pendant lequel la lumière a changé alors que la journée progresse. Chacune des quatre épreuves est convertie en cyan, magenta, jaune et une en noire pour être ensuite rassemblées pour ne former qu’une seule image. Des différences de moments, de lumière, des changements dans la rotation de la planète, naissent ces accents de teintes colorées. Miraculeuses révélations, carnations surréelles qui soulignent arbres, feuillages et roche pour les amener dans un autre monde. C’est comme si la douce teinte s’évaporait du plus profond des montagnes et des bois, du plus profond de l’histoire et du temps, flottant légères comme l’air de la montagne. Elles deviennent traces subtiles du passage du temps livrées au hasard de l’expérience d’une photographie qui ne sait où, quand et si elle naît. Bastiaan Van Aarle, les montagnes mouvantes Dans les photographies de montagnes de Bastiaan Van Aarle, le temps prend la pause, le temps se fait pose, s’expose, se dépose, se repose. Le photographe, lui, balaye la course du soleil, le mouvement des nuages, traque les ombres qui se déplacent sur la roche ou sur des coins épars de verdure. Il donne vie à l’immatériel. Il donne au temps ses couleurs. Une expérience photographique au rendu accentué d’irréel étrange, des instantanés au plus près des traces d’un imperceptible. Et pendant ce temps- là les montagnes se déplacent sous des cieux mouvants et nous n’en savons rien. Bastiaan Van Aarle, BIO expresse Bastiaan van Aarle vit à Mortsel (Belgique) et travaille à l’Académie Beeld à Sint-Niklaas. Il a obtenu un bachelor et un master dans la photographie au LUCA School of Arts et a fait un stage auprès d’Olaf Otto Becker à Munich. Ses œuvres ont été exposées dans des musées nationaux et internationaux comme par exemple le Musée M, Pennings Foundation, WARP et le Botanique. La maison d’édition allemande Hatje Cantz a publié ses livres «01 :20 » et « Moving Mountains ». Disponible à l’accueil des expositions du Botanique ou sur le site de l’éditeur www.hatjecantz.de Bastiaan Van Aarle Moving Mountains Galerie du Botanique 236 Rue Royale 1000 Bruxelles jusqu’au 09 juillet 2023 du mercredi au dimanche, de 12h à 20h www.botanique.be Bastiaan Van Aarle, vue de l’exposition Moving Mountains, 2023, galerie du Botanique, Bruxelles, (c) courtesy the artist, (c) photo Luk Vander Plaetse, Boombartstic Art Magazine Bastiaan Van Aarle, vue de l’exposition Moving Mountains, Galerie du Botanique, Bruxelles, 2023, (c) courtesy Bastiaan Van Aarle, (c) photo Luk Vander Plaetse, Boombartstic Art Magazine Bastiaan Van Aarle, sans titre, exposition Moving Mountains, 2023, galerie du Botanique, Bruxelles, (c) courtesy Bastiaan Van Aarle, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Bastiaan Van Aarle, vue de l’exposition Moving Mountains, installation vidéo, 2023, Galerie du Botanique, Bruxelles, (c) courtesy Bastiaan Van Aarle, (c) photo Luk Vander Plaetse, Boombartstic Art Magazine Bastiaan Van Aarle, sans titre, exposition Moving Mountains, 2023, Galerie du Botanique, Bruxelles, (c) courtesy Bastiaan Van Aarle, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Bastiaan Van Aarle, vue de l’exposition Moving Mountains, 2023, Galerie du Botanique, Bruxelles, (c) courtesy Bastiaan Van Aarle, (c) photo Luk Vander Plaetse, Boombartstic Art Magazine Auteur Eric Mabille "J’adore bouger et mon rapport à l’art est dans le mouvement, l’instinct et l’instant et ce depuis toujours. J'aime ce côté spontané, libéré de toute connaissance préalable, en vrai autodidacte. J’apprécie aussi pleinement le moment privilégié d’une preview presse, où seul dans une salle d’exposition, j’ai cette impression d’avoir toutes les œuvres pour moi. » Eric Mabille est diplômé en marketing, passionné de web, spécialisé en gestion de projets culturels et en marketing de destination et de niche. Il fréquente depuis plusieurs années l’atelier de dessin et les cours de chant lyrique à l’Académie de Saint-Gilles.
Expositions Shezad Dawood, ‘Night in the Garden of Love’, Expérience Sensorielle Inspirée par Yusef Lateef, au WIELS