Le Symbolisme européen célébré lors d’une vente exceptionnelle chez Bonhams – Cornette Saint Cyr, Bruxelles, le 07 novembre 2024

À la fin du XIXe siècle, un style artistique unique émerge en Belgique : le symbolisme. Puisant ses racines dans la redécouverte des primitifs flamands tout en restant ancré dans la tradition romantique, ce mouvement reflète les inquiétudes d’une société en proie à une profonde crise économique, sociale et culturelle. Le symbolisme illustre ainsi une époque marquée par le doute, où la réalité apparaît à la fois étrange et inquiétante.

Ce jeudi 7 novembre, Bonhams organise pour la première fois une vente aux enchères consacrée à ce courant artistique. Florent Belivier et Valentine Naslin, responsables de l’événement à Bruxelles, expliquent : « Il s’agit d’une première pour une vente autour du symbolisme. Nous avons rassemblé une large collection de peintures, dessins, affiches et même de mobilier célébrant cet art et rendant hommage aux grands artistes belges, français, suisses et européens. De William Degouve de Nuncques à Emile Fabry, en passant par Anto Carte, Fernand Khnopff et Victor Rousseau, cette vente offre un vaste panorama de la création artistique du début du XXe siècle, incluant des œuvres de l’Art nouveau, un style dont Bruxelles deviendra la capitale. »

Le Symbolisme : un mouvement aux frontières de l’Europe

Apparu à la fin du XIXe siècle, le Symbolisme s’impose comme un mouvement artistique et littéraire d’envergure internationale. Plutôt que de dépeindre la réalité de façon objective, les artistes symbolistes cherchent à traduire des idées abstraites, des émotions profondes et des états d’âme à travers des symboles. Leur intérêt se porte vers les mystères de l’inconscient, le mysticisme, la nature et l’histoire, explorant ainsi des dimensions intérieures et spirituelles au-delà des apparences visibles.

Le Symbolisme belge

Le Symbolisme belge, un courant artistique singulier, se distingue par sa tonalité sombre et mélancolique, abordant des thèmes profonds comme la mort, la solitude et l’angoisse existentielle, le tout empreint d’une beauté tragique. Ce mouvement, marqué par une sensibilité littéraire prononcée, puise dans l’influence des écrivains belges, notamment Maurice Maeterlinck, dont l’œuvre inspire fortement les artistes visuels de l’époque. Cette synergie entre la littérature et les arts plastiques permet au Symbolisme belge de créer un univers où les mots et les images se répondent et se renforcent.

Les créateurs belges s’attachent également à leurs racines culturelles, intégrant des éléments de folklore et d’histoire dans leurs œuvres. Ce recours au patrimoine national enrichit le symbolisme d’une dimension mystique et mystérieuse, les œuvres se parant d’une aura énigmatique, souvent accentuée par des couleurs sombres et des lignes sinueuses qui captivent l’observateur. Les symboles utilisés, riches et polysémiques, sont des portails vers les univers intérieurs de leurs créateurs.

Un autre trait marquant du Symbolisme belge réside dans la représentation de la femme, qui incarne fréquemment une figure mystérieuse et séduisante. Cette fascination pour la féminité en fait un symbole récurrent, évoquant l’inconnu et l’insondable. En définitive, ce mouvement plonge le spectateur dans une exploration complexe de l’âme humaine, inscrivant le Symbolisme belge comme une contribution majeure à l’histoire de l’art.

William Degouve de Nuncques (1867-1935) est l’un des artistes majeurs du symbolisme belge. Toute sa vie, il traitera le paysage, jouant avec les nuances de couleurs, depuis les impressions urbaines nocturnes aux ambiances claires de plateaux enneigés. Entre 1899 et 1902, Degouve de Nuncques se rend aux Îles Baléares où il se découvre une passion pour la lumière de « cette terre africaine aux multiples beautés qu’un soleil fort et permanent éclaire et poétise ». Cet élan vers une nature accueillante et lumineuse pousse le peintre à éclaircir sa palette. Visite incontournable de l’île de Majorque, la péninsule de Formentor est située à l’extrémité nord-est et permet de découvrir des paysages à couper le souffle qui ont inspiré de nombreux artistes. Tout au bout, le phare du même nom domine les falaises escarpées qui tombent dans la Méditerranée. Vers le Cap Formentor est estimé 50 000 à 70 000 €.

Parmi les lots phares de la vente, citons :

Cuno Amiet (1868-1961) membre de l’Ecole de Pont-Aven, élève de Hodler, ami de Giovanni Giacometti et de Giovanni Segantini sera également présenté dans cette vente avec Le Paradis, une grande huile et tempera sur toile, réalisée vers 1900 en marge des recherches picturales contemporaines. L’artiste développe ici un grand intérêt pour la couleur à travers divers procédés hérités de l’impressionnisme avant de rejoindre le groupe d’artistes expressionnistes Die Brücke. (Estimation : 150 000-250 000 €).

• Armand Rassenfosse, La danseuse 1920, huile sur panneau 90 x 69 cm (estimation : 7 000-9 000 €) • Anto Carte, Tête de femme, 1922, Aquarelle, crayon bleu et mine de plomb sur papier (estimation : 1 200-1 500 €) • Alphonse Osbert, Muses au coucher du soleil, Pastel sur papier (estimation : 8 000-10 000€) • Georges de Feure (1868-1943) Paire de fauteuils à dossier plat ajouré en bois sculpté (estimation : 2 000-3 000 €) • Une collection lithographies symbolistes sera également proposée dont La réforme, Bruxelles 1897, par Henri Privat-Livemont (estimation : 3 000-5 000 €) et le panneau décoratif La Vague par Henri Privat-Livemont estimé 6 000 à 8 000 €.

Vente : Le Symbolisme
Lieu : Bruxelles
Date: 7 novembre 2024
Lien vers le catalogue de la vente
Bonhams – Cornette de Saint Cyr
89 Chaussée de Charleroi
1060 Bruxelles