Published 7 juin 2024 Commentaires 0 Commentaire Par Eric Mabille Tags Collezione Maramottidessin contemporainEscapadesItalieManuele CeruttiPeinture contemporainepeinture figurativeReggio Emilia Manuele Cerutti, Emergences filiales, à la Collezione Maramotti Jusqu’au 28 juillet 2024, la Collezione Maramotti de Reggio Emilia accueille l’exposition « Quem Genuit Adoravit » de Manuele Cerutti. Le peintre turinois y présente une série de peintures et d’œuvres sur papier explorant la paternité et les premières années de vie de son fils, offrant une réflexion intime et artistique sur ce lien fondamental. S’inspirant d’expériences personnelles simples mais intenses, ses dessins et peintures occupent les murs de la ‘salle des motifs’, un espace d’exposition temporaire annexe de la Collezione Maramotti, autrefois un des ateliers du siège de la maison de mode Max Mara. Cette exposition prend racine dans une rencontre fortuite mais déterminante : celle avec la Madonna di Ghiara, tableau abrité au sein de la basilique Notre-Dame, un des principaux édifices religieux de la ville de Reggio Emilia. Sur le tableau, une inscription latine énigmatique, ‘quem genuit adoravit’ -‘Elle adora celui qu’elle avait engendré’. Cette maxime, à la fois simple et profonde, entraîne Cerutti dans une méditation sur la dualité des rôles : qui adore et qui est adoré ? La réponse, subtile et personnelle, se tisse au fil de sa propre biographie, imprégnée par l’émergence de la paternité. Cerutti explore avec une acuité remarquable comment cet événement transforme et informe notre rapport à la vie. Manuele Cerutti, Quem Genuit Adoravit Dans ses œuvres, Manuele Cerutti explore la génération d’entités presque enfantines et involontaires, des bourgeonnements de vie nourris par l’expérience végétative des plantes et l’alchimie des minéraux. Le motif récurrent du tissu de plastique noir noué autour de la jambe d’une figure humaine, évoque le marcottage, technique de propagation asexuée des plantes, symbolisant ainsi la création de vie nouvelle, imprévisible et innocente. À travers ce thème, Cerutti examine la condition humaine en tant que ‘générateur de vie », oscillant entre le sacré et le profane. Ses créations colorées biographiques à la profondeur narrative, racontent des histoires de transformation et de réinvention, ancrées dans une expérience aussi intime qu’universelle. Dans d’autres œuvres, l’artiste s’empare d’objets ordinaires, mutilés ou fragmentés, en natures mortes inanimées, créant des expressions d’un temps suspendu et sacré. Un travail qui s’attarde sur la mutation et la transfiguration de ces objets, leur conférant une aura mystérieuse et intemporelle, plongeant le spectateur dans une réflexion sur la nature même de la vie et de la création. Manuele Cerutti, tableaux d’une exposition À l’entrée de l’exposition, le visiteur est accueilli par une série de 31 œuvres sur papier – crayon, encre et aquarelle – disposées sur un seul mur. Aucunement simples esquisses préparatoires, mais expansions possibles de son projet narratif, elles se déploient comme un storyboard. Chaque image, chaque case, possède sa propre existence autonome. Combinées les unes aux autres, elle engage notre regard vers un imaginaire polysémique, explorant la coexistence entre vitalité et fragilité. Atmosphère baignée d’un calme sépulcral et rythmé d’un sommeil infantile. Des figures dessinées plongées ans une somnolence profonde, presque surnaturelle, semblable à une mort paisible. Une série d’êtres en attente d’émergence et de germination, symbolisant l’urgence d’une nouvelle vie prête à se manifester. Dans la ‘Pattern Room’, le spectateur est immergé dans une atmosphère dystopique et métaphysique face aux six toiles grand format qui dominent l’espace. L’ensemble dévoile une narration complexe et se pare de la palette chromatique de la Renaissance. Cerutti y utilise sa propre figure comme un personnage universel soumis à une transformation constante ou à la multiplication de soi, rappelant les vulnérabilités de la paternité et de la condition humaine. Des figures solides se juxtaposent à d’autres identiques et à des ramifications filiales se diluant doucement dans les tons qui s’évanouissent à la surface de la toile. Dans ses toiles, Cerutti souligne le lien entre adoration et création, façonnant ainsi une réflexion profonde sur le rôle du créateur et du créé. Manuele Cerutti, la nature morte transcendée Manuele Cerutti transcende les conventions de la peinture de nature morte en insufflant une subjectivité aux formes inertes, les élevant ainsi au rang de protagonistes de son récit. Finesse subtile de sa technique picturale : lignes épurées, application de la couleur en couches fines, profondeur stratigraphique des toiles qui révèle des présences fugaces qui semblent flotter dans et hors des images, influant sur le destin du protagoniste de sa série. Des compositions souvent complexes, laissant place à l’erreur comme partie inhérente du processus créatif. Manuele Cerutti, la figure humaine Cerutti place la figure humaine au centre de récits symboliques et transformateurs, explorant les stades de la vie, de l’enfance à l’âge adulte. Les personnages souvent marqués par des blessures à la jambe, symbolisent la germination de nouvelles vies où la blessure devient fertile. Une image récurrente, celle d’une feuille de plastique noir enveloppant la jambe, évoque la technique du marcottage et la reproduction agamique, métaphore de l’épanouissement de la vie et du lien entre parent et enfant. Cette représentation pousse le spectateur à une réflexion profonde sur l’existence et la parentalité. Manuel Cerutti, du paysage Autour de sa représentation figurative, Cerutti nous plonge dans des paysages paisibles et contemplatifs de sa ville natale, Turin, offrant ainsi une perspective presque autobiographique à son exposition. Les paysages qu’il parcourt, parsemés de ponts, de ruines industrielles et de terres en friche, se transforment sur la toile en portails magiques, révélant la fusion entre la ville et la campagne, et entre la contemporanéité quotidienne et une dimension construite aux réminiscences du Quattrocento italien et flamand. Manuele Cerutti, Review Boombartstic Les toiles de Manuele Cerutti sont récits imprégnés de mystère et de réflexion. À travers des représentations quasi mythiques de lui-même, il invite le spectateur à contempler l’âme humaine en quête de sens et d’équilibre. Chaque image dépeint un individu oscillant entre engagement et détachement, succès et échec, dans une quête incessante d’un attachement profond à l’existence. Dans cette exploration de l’être et de la filiation, Cerutti capture l’essence même de la vie, transformant les blessures en points de germination, les difformités en mouvements fluides d’exploration et de croissance. Chaque œuvre devient ainsi une porte ouverte sur un monde d’introspection et de métamorphose. Manuele Cerutti, la Bio expresse Manuele Cerutti (né en 1976, Italie) vit et travaille à Turin diplômé de l’Accademia Albertina di Belle Arti de Turin ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions institutionnelles, notamment au Wilhelm Hack Museum et au Stadtmuseum Oldenburg en Allemagne, à l’Institut Culturel Italien de Londres et à la GAM de Turin a reçu la prestigieuse bourse Rome Fellowship de l’American Academy à Rome, où il a terminé une résidence d’un an (2021). La Collezione Maramotti En mars, je découvrais la Collezione Maramotti, dans la charmante ville de Reggio Emilia. La Collection Maramotti, héritage artistique remarquable, est le fruit de la vision d’Achille Maramotti, qui dès les années 70, aspirait à créer un espace d’appréciation esthétique et intellectuelle de l’art contemporain. Nichée dans les anciens ateliers de fabrication de la marque Max Mara, la Collection s’est imposée comme un sanctuaire de l’art, grâce à une transformation audacieuse orchestrée par l’architecte Andrew Hapgood, privilégiant une alternance de vastes espaces et d’alcôves plus confinées baignant dans la lumière naturelle. Des centaines d’œuvres d’art allant de 1945 à nos jours, représentant une variété de mouvements artistiques tels que l’art informel, la Pop Art romaine, l’Arte Povera,…Un parcours immersif à travers 43 salles d’exposition réparties sur deux étages. En plus de sa riche collection, la Collezione Maramotti dispose d’une bibliothèque et d’archives fournissant une documentation approfondie sur les artistes et les mouvements représentés. En collaboration avec la galerie Whitechapel, la Collezione a initié le Prix d’art Max Mara pour les Femmes, offrant aux artistes nommées, visibilité et intégration progressive dans sa collection permanente. La Collezione Maramotti est un lieu de découverte, de dialogue et d’inspiration où l’art et l’innovation sont célébrés dans toutes leurs formes et expressions. Chaque visite offre une expérience enrichissante, invitant les visiteurs à explorer les histoires et les idées qui ont façonné l’art contemporain, tout en encourageant une réflexion sur les enjeux esthétiques, sociaux et politiques de notre époque. Manuele Cerutti Quem Genuit Adoravit Collezione Maramotti 66 via Fratelli Cervi 42124 Reggio Emilia Italie Jusqu’au 28 juillet 2024 jeudi et vendredi, de 14h30 à 18h30 samedi et dimanche, de 10h30 à 18h30 Accès libre https://www.collezionemaramotti.org/en/home-en L’exposition, accompagnée d’un catalogue avec des textes de Gian Antonio Gilli, Valerio Magrelli et Elena Volpato. Manuele Cerutti, Quem genuit adoravit, 2023, crayon et aquarelle sur papier, 14,1 x 20 cm, exposition Quem genuit adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilila, Italie, (c) Manuele Cerutti, courtesy the Artist and Guido Costa Projects, (c) photo Cristina Leoncini, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, Emergenza (Movimento primo), 2022, huile sur bois, 23 x 18 cm, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, courtesy the Artist and Guido Costa Projects Ph. Cristina Leoncini, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, L’Operazione, 2022, crayon et aquarelle sur papier, 17,2 x 22,6 cm, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, courtesy the Artist and Guido Costa Projects, (c) photo Cristina Leoncini, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, Tutte le Mani dormono, 2023-2024, huile sur toile de lin, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, L’uno dell’altro, 2022, crayon et aquarelle sur papier,18 x 18 cm, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, courtesy the Artist and Guido Costa Projects, Ph. Cristina Leoncini, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, Titolare d’Infrazione, 2023, huile sur toile de lin, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, Spiazzo vuoto pieno di Luce, 2023, crayon et aquarelle sur papier, 13,5 x 19,5 cm, exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, courtesy the Artist and Guido Costa Projects Ph. Cristina Leoncini, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, huile sur toile, vue de l’exposition, Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Manuele Cerutti, aquarelle, vue de l’exposition Quem Genuit Adoravit, Collezione Maramotti, Reggio Emilia, Italie, 2024, (c) Manuele Cerutti, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Auteur Eric Mabille "J’adore bouger et mon rapport à l’art est dans le mouvement, l’instinct et l’instant et ce depuis toujours. J'aime ce côté spontané, libéré de toute connaissance préalable, en vrai autodidacte. J’apprécie aussi pleinement le moment privilégié d’une preview presse, où seul dans une salle d’exposition, j’ai cette impression d’avoir toutes les œuvres pour moi. » Eric Mabille est diplômé en marketing, passionné de web, spécialisé en gestion de projets culturels et en marketing de destination et de niche. Il fréquente depuis plusieurs années l’atelier de dessin et les cours de chant lyrique à l’Académie de Saint-Gilles.
Expositions Shezad Dawood, ‘Night in the Garden of Love’, Expérience Sensorielle Inspirée par Yusef Lateef, au WIELS