Published 1 août 2023 Commentaires 0 Commentaire Par Eric Mabille Tags art textileBruxellesExpositionGreet BilletHana MiletićMaria Wierusz-KowalskiRichard Venletsculpturesculpture contemporainesculpture en caoutchoucsculpture en néoprènesculpture soupleTaptaWIELS Sensibilité Sculpturale : Tapta, ‘Espaces Souples’ au WIELS L’exposition « Tapta : Espaces Souples » au WIELS offre aux visiteurs une occasion unique d’explorer l’univers captivant de cette artiste belgo-polonaise qui a engagé la sculpture sur la voie des matériaux souples. A voir jusqu’au 12 août 2023. Figure novatrice dans le monde de l’art, Tapta (1926-1997) – de son vrai nom Maria Wierusz –Kowalski – a contribué à redéfinir les frontières de la sculpture à partir des années 1960, en osant s’aventurer au-delà de ses limites traditionnelles avec l’utilisation audacieuse de textiles et d’autres matériaux souples. Axée sur la tactilité des composants, la souplesse des structures et l’interaction entre l’art, l’espace et le spectateur, l’exposition présente les œuvres emblématiques de Tapta des années 70 aux années 90. Tapta, essence d’un art tactile Au cœur de l’exposition réside l’essence même de l’art de Tapta, une exploration sensorielle et tactile qui invite les visiteurs à ressentir les œuvres autant qu’à les contempler. Les années 1970 ont marqué une période particulièrement prolifique pour l’artiste, au cours de laquelle elle a créé des pièces emblématiques, chacune évoquant une interaction profonde entre les matériaux et l’environnement qui les entoure. « La Chute de nœuds » (1970) éblouissant déversement sculptural dynamique et fluide avec ses cordes habilement nouées, parfois cousues sur textile, dans lesquelles la lumière se plaît à explorer le moindre recoin sombre. Suspendu au plafond, un « Mobile » (1972) surprend par l’utilisation de fils en sisal, traçant trajectoires éphémères qui s’évaporent dans des contours effilochés. Danse délicate des cordages bruts qui s’incarnent dans une recherche fugace d’équilibre entre forme et mouvement capturée dans les mailles de cette œuvre singulière. Et voici les ‘Deux Cocons’ (1973), des créations sculpturales aux formes immersives, allégories de la protection, qui transcendent les conventions. Planant sur un tapis en spirale, ils sont une invitation pour les visiteurs à en explorer les contours changeants lors de leurs déplacements autour d’elles. Un peu plus loin, « Horizon flexible » (1977) déploie, tel un paravent, ses colonnes enveloppées de laine de couleur. Créant une interaction changeante entre l’œuvre, l’espace et le spectateur, elles offrent un ensemble modulable ouvert à la métamorphose et aux variations de la lumière ambiante ; parfaite fusion de la forme et de la fonction, de l’esthétique et de l’expérience. On s’attardera également sur cette chaise Bertoia ® restaurée à la demande de son amie l’architecte bruxelloise Simone Guillissen-Hoa, que Tapta a recouverte de cordes. Une incursion dans le design d’intérieur où le toucher et la perception tactiles sont au cœur de chaque création. Tapta, Résonances Contemporaines L’exposition « Tapta : Espaces Souples » ne se contente pas de revisiter le passé, elle établit également un dialogue fascinant entre l’héritage de Tapta et la créativité contemporaine. Les miroirs triangulaires de l’installation de l’artiste Greet Billet « Réfléchir (à) Tapta » (2023), se font les échos réfléchissant et introspectifs de ses œuvres. Circulaire, au centre d’une salle d’exposition, la structure transparente ‘Salon II (2023) de Richard Venlet serpente et guide les visiteurs à travers un parcours immersif et réfléchi, les invitant à explorer de nouveaux horizons perceptuels. Les « Felt workshops » de Hana Miletić perpétuent l’héritage de Tapta à travers une expérience collective, où de grands patchworks colorés posés sur des tringles renouent avec la pratique artisanale ancestrale du feutrage humide. La reconstitution de l’installation « Formes pour un espace souple » (1974) rappelle que l’art transcende les générations et crée des ponts entre les époques. Aujourd’hui conservée dans les collections du M HKA à Anvers, mais dans un état déplorable, elle trouve dans cette réédition fidèle réalisée par des artistes et des étudiants textiles de La Cambre et de la LUCA School of Arts, un hommage vibrant à la vision de Tapta ; célébrant la nature collaborative de l’art, rappelant que les œuvres d’art peuvent unir les esprits et créer des espaces d’exploration collective. Tapta, Dialogue Intime avec le Spectateur L’interaction entre l’art et le spectateur s’étend au-delà des sculptures monumentales et des installations contemporaines. Tapta a également exploré des formes d’expression plus personnelles, affirmant que l’art peut toucher non seulement les espaces extérieurs, mais aussi le corps et l’âme. Une activation du spectateur qui se manifestera également, dès 1980, dans ses œuvres en néoprène, un caoutchouc industriel, et dont l’utilisation marquera un tournant radical dans son utilisation des matériaux. De grandes surfaces noires, reliées par des barres et des boulons métalliques, forment des structures ouvertes qui doivent être longées ou traversées. Certaines signent l’espace de leurs formes architecturales. D’autres se font surfaces planes articulées dont les éléments s’étendent comme un archipel à la dérive. Sur sa console de métal, ‘Impatiente’ (1995) guète une interaction avec le visiteur qui la verra se recomposer différente. Viennent ensuite, alignées sur des rebords de fenêtres, 28 petites maquettes en néoprène, réalisées par l’artiste pour préparer ses œuvres monumentales. Genèse de ses sculptures plus imposantes, elles offrent un aperçu fascinant du processus créatif de Tapta. Vous y reconnaîtrez le modèle réduit de l’imposante et poétique sculpture ‘Esprit Ouvert’ qui déploie sa voilure sur l’immobilité sombre d’un plan d’eau reflétant le ciel, face à la gare du Nord de Bruxelles. Tapta, la review Boombartstic « Tapta : Espaces Souples » incarne une exploration contemplative d’un art sculptural qui transcende les frontières du temps et de l’espace. Les œuvres de Tapta, à la fois tangibles et intangibles, évoquent une réflexion profonde sur la nature éphémère de la vie, sur la manière dont les matériaux et les formes dialoguent avec l’environnement, et sur l’importance de la créativité en tant que moyen de connexion humaine. Elle nous rappelle que l’art a le pouvoir de transformer notre perception du monde qui nous entoure, offrant un refuge contemplatif où les frontières entre l’objet et l’observateur se dissolvent, laissant place à une intimité profonde avec l’œuvre et l’artiste. Tapta – la BIO Expresse Tapta, pseudonyme de Maria Wierusz-Kowalski, née Maria Irena Boyé, naît à Kościan en Pologne en 1926, d’un père, ingénieur et d’une mère, peintre Elle participe à l’insurrection de Varsovie. En 1944, elle arrive en Belgique, elle arrive comme exilée politique, avec son mari Etudie le tissage à l’Ecole nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, à Bruxelles (diplômée de l’Atelier d’Art du Tissu en 1949) Séjourne au Congo belge (actuelle République Démocratique du Congo) de 1950 à 1960, où elle se familiarise avec les techniques textiles artisanales locales Première exposition en 1966, à la Galerie des métiers à Bruxelles Adepte des matériaux bruts dans une gamme réduite de couleurs, elle contribuera à révolutionner la sculpture en intégrant des matériaux textiles souples et des formes sculpturales, souvent monumentales. Dès 1980, Tapta se tourne vers des matériaux industriels plus résistants, comme le caoutchouc néoprène, le béton, les câbles, et le métal. Elle porte sa recherche sur la flexibilité des matériaux, la rigueur et la radicalité des lignes et des formes découpées où la couleur noire domine. En 1995, elle participe à la Biennale de Venise, concevant des sculptures flottantes pour le lac de Monate et la lagune. De 1976 à 1985, elle dirige l’atelier d’Art textile de La Cambre qu’elle renomme « Sculpture souple »2 et, à partir de 1980, l’atelier Structure de la Fondation de la tapisserie TAMAT, à Tournai Tapta décède le 27 décembre 1997 à Bruxelles Les œuvres de Tapta figurent dans les collections des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, du M KHA à Anvers, et des collections privées. Dans l’espace public à Bruxelles : ‘ Voûtes flexibles’,1985, à la station de métro Veeweyde du Métro de Bruxelles ; ‘L’esprit ouvert’, 1997,fontaine sur le boulevard du Roi Albert II, face à la gare du Nord Tapta Espaces souples, WIELS / Centre d’Art Contemporain 354 Avenue Van Volxem 1190 Bruxelles jusqu’au 13 août 2023 du mardi au dimanche, de 11h à 18h www.wiels.org Tapta, vue de l’exposition Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) photo Lola Pertsowsky, Boombartstic Art Magazine Yves Auquier, Portrait of Tapta, négatif original sur support souple, exposition Tapta, Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, courtesy Yves Auquier & Coll. Musée de la Photographie, Charleroi, Boombartstic Art Magazine Tapta, sculpture souple rouge avec cordes et noeuds, exposition Tapta, Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, Falling Knots (La chute de nœuds), 1970, laine, 230 x 165 cm, exposition Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) Collection Maurice Verbaet, (c) photo Alexander Kot-Zaitsaú, Boombartstic Art Magazine Tapta, Lieu de transition, maquette, 1987, néoprène, ca. 13 x 40 x 40 cm, exposition Tapta, Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) Collection Maurice Verbaet, Boombartstic Art Magazine Tapta, sans titre, 1994, sculpture en 4 éléments articulés par des charnières, posée sur une base en métal, néoprène, exposition Tapta, Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) courtesy Collection Maurice Verbaet, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, Horizons flexibles, 1976, laine, sisal sur tubes en bois, exposition Tapta, Espaces soules, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) courtesy collection Maurice Verbaet, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, chaise Diamond de chez Bertoia recouverte de cordes, 1980, métal et laine, exposition Tapta Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) courtesy Jean-Pierre Hoa, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, vue de l’exposition Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) photo Lola Pertsowsky, Boombartstic Art Magazine Tapta, maquette en métal pour la fontaine publique ‘Esprit Ouvert’, 1997, quartier Nord, Bruxelles, exposition Tapta Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) courtesy collection Maurice Verbaet, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, maquette pour Structure élastique, 1981, caoutchouc collé sur bois contre-plaqué, exposition Tapta Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) courtesy collection Maurice Verbaet, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, sculpture souple et mobile, 1973, laine sisal coton poils de chameau et de cheval, exposition Tapta Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) photo Eric Mabille, Boombartstic Art Magazine Tapta, vue de l’exposition Espaces souples, WIELS, Bruxelles, 2023, (c) photo Lola Pertsowsky, Boombartstic Art Magazine Auteur Eric Mabille "J’adore bouger et mon rapport à l’art est dans le mouvement, l’instinct et l’instant et ce depuis toujours. J'aime ce côté spontané, libéré de toute connaissance préalable, en vrai autodidacte. J’apprécie aussi pleinement le moment privilégié d’une preview presse, où seul dans une salle d’exposition, j’ai cette impression d’avoir toutes les œuvres pour moi. » Eric Mabille est diplômé en marketing, passionné de web, spécialisé en gestion de projets culturels et en marketing de destination et de niche. Il fréquente depuis plusieurs années l’atelier de dessin et les cours de chant lyrique à l’Académie de Saint-Gilles.