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Ginny Casey, ‘Bewitched’, à la Nino Mier Gallery

La Nino Mier Gallery présente dans sa galerie de Bruxelles, ‘Bewitched’, la 3ème exposition solo de l’artiste newyorkaise Ginny Casey. A découvrir jusqu’au 18 février 2023

Compilée sous un titre enchanté ou ensorcelé,  l’exposition ‘Bewitched’  présente un ensemble de peintures et de dessins de l’artiste américaine Ginny Casey qui rompent avec l’intégrité physique et psychique des espaces domestiques pour les amener vers un surréalisme qui mélange sur la surface picturale, formes animées et inanimées centrées dans des compositions carrées conçues tels des portraits.

Un espace architecturé, clos, enferme et piège un ensemble d’éléments récurrents : plantes, bougies, tables et chaises, verrerie, meubles et humains. Un monde d’apparente quiétude perturbé par la présence de frelons et d’insectes saisis dans leur vol et la structure élaborée de leur nid qui parfois envahit l’espace.

Sur d’autres toiles, des plantes d’intérieur anthropomorphes, un papillon de nuit aux ailes couleur jaune opalin , un serpent enroulé sur lui-même devenu tapis de sol, des objets disproportionnés dans leur translation d’échelle. Des formes déformées, organiques, biomorphiques, curvilignes, ployantes et ondulantes, dilatées. Elles sont autant d’objets en équilibre bancal, semblant flotter au premier plan du tableau, pris dans un état de transition et de création d’une peinture construite, réarrangée, retravaillée.

Pendant la pandémie, Ginny Casey s’est enfoncée profondément dans l’environnement immédiat de son foyer. Une exploration entre anxiété et confort de la notion du « chez-soi », du familier, d’ un lieu dans lequel la vie est d’avantage survécue qu’elle n’est vécue – entre restrictions sociales, mort et présence de nos compagnons quotidiens , un conjoint, une famille, un animal et des plantes.

Depuis 2021, le paysage domestique est au centre de sa pratique artistique. Il semble glisser vers l’inconfortable et le menaçant proposant une déconstruction et reconstruction d’un nouvel espace aux formes sculpturales, incarnant l’inhospitalier dans une fusion du végétal, de l’animal, de l’objet et de l’humain.

Aucune activité humaine dans ces intérieurs aux murs solides et hermétiques où portes et fenêtres ne mènent nulle part et participent à cet effet claustrophobique.

Une perception des lieux en plongée accentue l’effet de chute sur une horizontale circonscrite au cadre serré de la toile qui restreint toute perception d’immensité.

Ginny Casey – de l’importance du dessin

Dessiner beaucoup avant de commencer à peindre. Ginny Casey dessine chaque objet individuellement, les redessine dans de nouvelles combinaisons et compositions, créant des conversations et récits entre les parties. Seulement après commence le travail de couleur et de peinture.

Un traitement pictural de surface, en fines couches de peinture aux tons atténués par frottage et grattage. Seule la teinte absorbée ajoute un aspect vieilli et intemporel au placage mat et crayeux du pigment sec sur la toile.

Un aspect aéré et délicat qui s’ouvre à la sensation de mouvement ; impression soulignée dans le rendu des éléments liquides, la mollesse des contours des objets et du végétal.

En sourdine et rêveuses, les couleurs associent nuances poudrées et obsédantes de corail, de cobalt, de rouge et de cannelle. Une application en grande partie bichromatique de la peinture qui présente ses sujets avec immédiateté.

Ginny Casey – esthétique & atmosphère

Un sentiment de solitude semble imprégner ces intérieurs où les humains sont étrangement absents ; sa seule présence se manifestant par pièces isolées aux accents subtilement grotesques – des mains, des pieds coupés, une oreille.

Les perspectives faussées, la variété d’échelles inhérentes au travail de Ginny Casey donnent à ces images une compréhension onirique -proche des dessins animés Disney-, poétique, empreinte de théâtralité.

Les espaces immersifs du quotidien, ici recomposés, plus symboliques que descriptifs, piègent les éléments qui les habitent ; proposant la version d’une réalité légèrement décalée en tableaux narratifs où des allégories fabriquées se jouent de la distinction entre vivant et inanimé.
Même si Casey a créé ces images à l’ombre de la pandémie de COVID, la lumière immanente de ses tableaux nous semble apaisante.

Ginny Casey (née en 1981 à Niskayuna, New York ; vit et travaille à New York) a obtenu son MFA à la Rhode Island School of Design de Providence.

 

Ginny Casey
‘Bewitched’
Nino Mier Gallery
25 rue Ernest Allard
1000 Bruxelles
jusqu’au 18 février 2023

du mardi au samedi, de 10h à 18h
https://www.miergallery.com/

Retrouvez mes chroniques d’expositions en GALERIES

 

Ginny Casey
Ginny Casey, Under the Rug, huile sur toile, 2022, exposition Bewitched, 2023, Nino Mier Gallery, Bruxelles, (c) courtesy the gallery, Boombartstic Art Magazine

 

Ginny Casey
Ginny Casey, exposition Bewitched, 2023, vue de l’exposition, Nino Mier Gallery, Bruxelles, (c) courtesy the gallery, (c) photo Graysc, Boombartstic Art Magazine

 

Ginny Casey
Ginny Casey, Tapped Nest, fusain sur papier, 2022, exposition Bewitched, 2023, Nino Mier Gallery, Bruxelles, (c) courtesy the gallery, Boombartstic Art Magazine

 

Ginny Casey
Ginny Casey, Raining Inside, huile sur toile, 2022, exposition Bewitched, 2023, Nino Mier Gallery, Bruxelles, (c) courtesy the gallery, Boombartstic Art Magazine
Ginny Casey
Ginny Casey, exposition Bewitched, 2023, vue de la galerie et de l’exposition, Nino Mier Gallery, Bruxelles, (c) courtesy the gallery, (c) photo GRAYSC, Boombartstic Art Magazine

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